illustration One Health
Focus

Une seule santé (One Health)

Les crises climatiques de ces dernières années (canicules, incendies, inondations) tout comme la pandémie de Covid-19 nous mettent face à un constat sans appel : la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes sont interconnectées. Plusieurs notions tentent de résumer cette interdépendance et notamment celle de « One health/une seule santé ».

Une seule santé, une notion pour une approche systémique

Une seule santé est un concept décrivant la santé de manière holistique, dans une perspective intégrée et transdisciplinaire. La définition proposée par le groupement tripartite de l'OHHELP, regroupant la FAO (Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale) et le PNUE (Programme des nations unies pour l'environnement) est la suivante : « Une seule santé » consiste en une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Il reconnait que la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, des plantes et de l'environnement en général est étroitement lié et interdépendant.

Cette vision n'est pas nouvelle. Dès les années 70, les interconnexions du monde vivant sont documentées, notamment par la biologiste Rachel Carson avec son ouvrage devenu une référence « Printemps silencieux ». Le concept a réellement émergé au début des 2000 et en 2004, les 12 principes de Manhattan, présentés lors d'une conférence organisée par la Société pour la conservation de la vie sauvage (Wildlife Conservation Society), insistent sur la reconnaissance des liens entre santé humaine, santé animale et environnement.

Pour découvrir la prise en compte progressive du principe d'Une seule santé, voir fresque chronologique de Promosanté Idf.

Deux illustrations de l'interconnexion du vivant

Le Muséum national d'histoire naturelle rapporte qu'en Inde les bovins sont des animaux sacrés donc non consommés mais utiles pour la production laitière et leur force de travail. A partir de 1980, le Diclofénac (anti-inflammatoire) y est largement utilisé pour soigner le bétail. Cependant, ce médicament est toxique pour les vautours, animaux charognards qui éliminaient les carcasses qui se sont donc empoisonnées en se nourrissant des carcasses de bovin imprégnées des résidus de ce médicament. La population d'oiseaux a peu à peu décliné, entrainant la prolifération de carcasses qui pourrissent dans l'environnement et par ruissellement contaminent l'eau potable. D'autres espèces (chiens errants et rats) ont pris le relais d'équarrissage mais contrairement au vautour qui est considéré comme un « cul de sac épidémiologique » (ne transmet pas de pathogène) ces espèces sont porteuses de germes comme la rage ou la peste par exemple contractées sur les carcasses en décomposition. Ainsi plus de 30 000 personnes meurent de la rage chaque année en Inde.

E. Muraille et J Godfroid rapportent eux que le déboisement entraine une baisse de la biodiversité notamment des prédateurs des souris qui sont des hôtes pour les tiques qui transmettent la bactérie Borrelia burgdorferi responsable de la maladie de Lyme. En outre, plus les forêts présentent une grande biodiversité, moins on trouve de tiques infectées grâce à l'effet de dilution avec la présence d'espèces cul de sac.

Les zoonoses révèlent également cette interconnexion du vivant. Aujourd'hui, ces dernières (Grippe aviaire, Maladie de la vache folle, Grippe H1N1, Virus Ebola, Pandémie de la COVID 19…) ont une origine multifactorielle : déforestation, élevage et agriculture intensifs, monoculture, trafic d'animaux sauvages, pollution… qui conduisent notamment à une érosion de la biodiversité, facteur de risque essentiel.

Santé planétaire, planetary health…quelle différence ?

Le concept One health est ainsi aujourd'hui repris très largement dans les sphères académique, médiatique et politique françaises. Mais en réalité d'autres termes co-existent pour porter cette approche systémique, reflétant des sensibilités, des disciplines différentes et des démarches non coordonnées entre elles. Le concept de planetary-health (santé planétaire) a été initié en 2014 par le domaine de la recherche aux USA via Planetary Health Alliance soutenue par la fondation Rockefeller. C'est un champ transdisciplinaire et un mouvement social axé vers la recherche de solutions et l'analyse des impacts des perturbations humaines et leurs conséquences sur les systèmes naturels de la Terre, sur la santé humaine et toute forme de vie sur Terre. Ce concept a émergé très récemment en France avec notamment l'association Alliance santé planétaire. D'autres termes comme Eco health ou Health ecology, Global health sont utilisés et portés par des organisations internationales comme l'OMS ou par des ONG mais leurs démarches consistent principalement à étudier l'environnement comme facteur de risque pour la santé humaine.

Découvrir la cartographie des concepts réalisées par l'IDDRI.  


Ces notions, basées sur des constats globalement partagés, révèlent ainsi une vision plus ou moins anthropocentrée et plus ou moins intégrative dans leur mise en œuvre pratique ou politique. Elles révèlent également des divergences de fond sur la notion d'intérêt général,  de bien-commun, la place des systèmes naturels et de fait les inflexions à conduire sur notre modèle de développement économique.

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